Le Don de Nouwel1er au concours de contes de Noël 2004
Aleksandr
Ce récit a été écrit par un joueur dans le cadre d'un concours et n'entre pas dans le Back-Ground prévu par Ankama
Vous pouvez acquérir ce livre écrit par Aleksandr auprès de Harry Stotte, à la bibliothèque d'Amakna en [4,1], pour la somme de 50 kamas.
Il y a fort longtemps, dans une contrée fort lointaine, aujourd'hui oubliée de tous, se trouvait un minuscule village.
Ses habitants, de paisibles paysans Féca, se préparaient à vivre le plus terrible hiver qu'on n'ait jamais connu. Cette année-là, le froid s'était installé bien plutôt et bien plus vigoureux que les années précédentes. Depuis longtemps déjà, les arbres de la forêt alentour étaient recouverts d'une épaisse couche de neige blanche.
Cela n'aurait pas été si terrible si seul sur le petit village s'était abattu le froid, aussi mordant soit-il. Les Fécas de cette région étaient prévoyants et travailleurs, aussi chaque année remplissaient-ils de pleines granges de grains et de vivres pour passer la saison froide sans trop de difficultés. Et même si en ces terres les hivers étaient particulièrement rudes, jamais on avait eu à se plaindre dans ce petit village tant on était organisé.
Malheureusement, cette année-là, la récolte avait été particulièrement pauvre. Rien d'alarmant, pas de quoi nourrir la moindre inquiétude. On avait amassé suffisamment de nourriture et de bois pour passer l'hiver au chaud et sans avoir à souffrir de la faim.
Mais, comme si cette récolte plus pauvre que les autres avait été un signe annonciateur du véritable malheur qui allait suivre, sur beaucoup de visages on pouvait déjà lire l'inquiétude.
Comme ils auraient aimé se tromper... Mais cette nuit-là fut une nuit terrible. On entendit hurler à la mort tout la nuit. On avait d'abord cru à des loups, comme c'était souvent le cas dans la région, mais la puissance des hurlements, entrecoupés de sinistres cris pareils à des rires macabres, ne laissait pas la moindre place au doute. Un Mulou rôdait autour du village.
On réunit tous les habitants dans le grand bâtiment qui servait à la salle des fêtes au village. Et chacun passa la plus horrible nuit de sa vie. Les pères tentaient de rassurer leur femme et leurs enfants, mais c'était la terreur qu'on pouvait lire dans leurs yeux.
Mais le pire était à venir. Quand, aux premières lueurs de l'aube, les hurlements cessèrent, les plus braves des rares chasseurs que comptait le village se risquèrent dehors... Ce fut pour découvrir un spectacle que nul n'oublierait jamais...
Des dizaines de corps de loups éventrés et d'autres animaux de la forêt jonchaient la place du village. Une véritable vision d'horreur, même pour le plus endurci des coeurs. Et pourtant, là encore, le pire était à venir...
Les granges renfermant les vivres du village pour passer l'hiver avaient toutes été saccagées et brûlées. Sans exception. Il ne restait pas le moindre grain pour nourrir les habitants.
Lorsque la place fut nettoyée, le village retrouva un semblant de calme. Un calme sinistre.
Une réunion extraordinaire eut lieu entre les sages du village et il fut décidé qu'un groupe des meilleurs combattants du village les quitterait le plus tôt possible pour aller chercher de l'aide auprès de la ville la plus proche. Ils iraient engager des mercenaires pour revenir chercher le reste des habitants du village et les emmener loin, le plus loin possible.
Cette expédition aurait certainement réussi si la malchance ne s'entêtait pas à les poursuivre. Comme chacun dans ce petit groupe s'y attendait, les chasseurs se firent débusquer par le Mulou. Le combat aurait certainement tourné en leur faveur si seulement il n'y avait eu qu'un seul Mulou à combattre, mais ce n'était pas le cas. Ce sont trois gigantesques adversaires qu'ils eurent à affronter. Le combat ne dura pas longtemps, les trois Mulous terrassèrent les pauvres Fécas sans la moindre difficulté...
Un seul survécut à ses blessures. Le plus jeune, dont la légende a malheureusement oublié le nom. De nombreuses heures après que les Mulous les eurent laissés morts, ou presque, le jeune chasseur parvint à se relever et à l'aide d'un simple bâton marcha jusqu'à ce que tombe la nuit. La providence le mena jusqu'à la porte d'une cabane perdue au plus profond de la forêt et qu'il n'avait jamais vue auparavant. Du bout de son bâton, il frappa faiblement à la porte.
Un vieil Enutrof, tout de blanc vétu, ouvrit. Il comprit tout de suite que le Féca était mourant et lui amena aussitôt de l'eau et des pommades de soin. Ce dernier eut juste le temps de lui conter son histoire et mourut dans les bras du vieil Enutrof.
Avant de rentrer se coucher, le vieil Ermite qui se nommait Nouwel enterra le jeune Féca. Il eut une nuit des plus agitées, il ne trouva pas le sommeil, tournant et virant dans son lit. Il savait que nul dans la région n'oserait former un groupe afin d'apporter des vivres aux pauvres Fécas ou aller les secourir. Et pourtant, il ne pouvait se résoudre à ne rien faire et à laisser mourir autant de femmes et d'enfants.
Au matin, il se leva et mût par une incroyable volonté remplit son traîneau de vivres et attela ses deux Tabis blancs : Reynes et Rudolf. Il entassa de quoi passer une année pour cent personnes, il prit tout ce qu'il avait mis une vie à amasser.
Jamais il ne se retourna pour regarder derrière lui, à aucun moment il ne regarda sa maison rapetisser derrière lui.
Le soir, le traîneau arriva sur la place du village.
La doyenne du village, la femme la plus sage que l'ont ait vue depuis des générations, s'approcha avec le plus de précautions possibles du traîneau.
Elle découvrit un Enutrof aux habits d'un rouge carmin, entièrement tachés de sang. Le Brave Nouwel mourut dans ses bras en lui expliquant ce qu'il apportait avec lui. Devant ce geste, le plus beau Don qu'on n'ait jamais vu, le village pleura pendant une semaine entière. Et tous survécurent grâce aux provisions que le Brave Enutrof avaient apportées.
Au printemps les Mulous étaient partis et le village se mit en marche pour quitter ce lieu maintenant plein de souvenirs difficiles.
Partout où ils passaient, ils contaient l'histoire qui était la leur et le sacrifice du Vénérable Nouwel. Partout chacun était ému aux larmes. Et depuis, chaque année à cette période, on célèbre la mémoire de ce Brave Enutrof en offrant des présents aux nécessiteux, à ses proches et aux enfants.
Et il est des gens pour dire qu'une nuit, chaque année à la même période, un traîneau tiré par deux Tabis blancs avec à son bord un vieil homme vêtu de rouge passe dans le ciel et qu'au matin les jeunes et les personnes dans le besoin se voient couverts de cadeaux.